vendredi 29 mai 2009

Nutella, pur objet de désir...

Nutella...


La lecture d'un blog de l'une d'entre vous et ma pratique personnelle m'ont donné l'idée de développer un exemple plaisant pour aider vos révisions intenses à la fois objet historique et géographique...
Partons de cette image :

Sachez que de doux-dingues ont créé il y a 3 ans une journée mondiale du Nutella qui a lieu les 5 février uniquement pour célébrer leur addiction à cette pâte à tartiner... Comment donc une simple recette est-elle devenue un mythe planétaire ?
(Je vais la faire à la Jacono : en quoi le Nutella est-il devenu une marque renommée, symbole de la mondialisation ?)

Pietro Ferrero était pâtissier et trouva une recette qui donna naissance au Giandujot, sorte de pain sucré de chocolat aux noisettes. Nous sommes en Italie (évidemment !!) à Alba dans le Piémont en 1945. Associé à son frère Giovanni, ils créent une usine avec des terres achetées en 1944 (il faudrait sans doute rechercher les éventuels liens avec le fascisme....), dans laquelle la production va être modernisée (apparition du tracteur et plantations modernes de noisetiers aux dépens du blé) et ils vont vendre ce produit dans une Italie qui veut reconstruire, oublier le fascisme du Duce et s'affranchir des pénuries de guerre en fabriquant un produit beaucoup moins cher que le vrai chocolat (600 lires le kilo pour le Giandujot, 3000 lires pour le chocolat).



- La 1ère idée à succès est de lancer un produit servant à la fois pour le dessert mais aussi pour le goûter, à une époque où l'on ne luttait pas contre les calories en trop, bien au contraire.
Ensuite, les années 1950, marquant le départ des 30 Glorieuses, ont permis le développement de l'entreprise avec des salariés prioritairement de la région avec des lignes de bus gratuites. La région d'Alba est passée de l'agricole à l'industriel en douceur.
On comprend bien que le contexte des 30 Glorieuses et la volonté de consommation de masse est pour beaucoup dans le succès de la marque...

-Puis, l'idée fut de conquérir l'Europe du Nord, traditionnellement plus consommatrice de chocolat en commençant par l'Allemagne. La décision fut prise par Michele Ferrero, le fils de Pietro, en 1956. 1957, le traité de Rome et la création de la CEE firent le reste...
Progressivement l'entreprise d'Alba devient une FTN qui implante des filiales un peu partout en Europe anticipant l'évolution européenne : Ferrero Polska (Pologne, usine de production à 60 km de Varsovie) en 1992 avec l'ouverture à l'est de l'UE, puis dans le monde Ferrero USA avec implantation d'une usine dans le New Jersey, conquête de l'Australie...




-Dans le même temps, la gamme des produits évolue : on passe du Giandujot à la Supercrema (1951), identique, mais plus crémeux, on invente le Mon Chéri... Et surtout, l'avénement du marketing bien compris fait le réel succès. Il fallait séduire toute l'Europe avec un nom intelligible par tous dans toutes les langues et un design résolument moderne. En 1964 naquit le Nutella (en police Helvetica medium normalement), référence aux noisettes (nuts), avec sa célèbre étiquette montrant une tartine sur un pot ou des verres réutilisables ! En France, la Tartinoise (aux consonnances bien gauloises !!) devient Nutella en 1965 après une circulaire envoyée de Ferrero Italie à ses filiales. L'usine française est implantée à Villers-Ecalles (pays de Caux) et le siège Ferrero France à Mont-Saint-Aignan (chez nous, quoi !!).





-L'entreprise s'est ensuite diversifiée avec la création d'autres lignes de produits : Kinder (années 1970) pour les enfants sur la manne publicitaire que représente le besoin de lait, ou encore les fameux Kinder surprise, avec là encore un packaging révolutionnaire (qui ne connaît pas les petits oeufs jaunes en plastique ??), Rocher (1982), Kinder pingui, etc.

Nutella est donc un produit symbole montrant à la fois la réalité de la société de la consommation et celle de la mondialisation, avec cette petite touche d'envie et de bravade des interdits (et oui, ce sentiment de culpabilité au bout de la 10ème cuillère enveloppée dans une bouche résolument goulue...)

Mmmhhhhh ....

Bonnes révisions à tous !!!

Sources :

Padovani Gigi, Nutella, uno mito italiano, Milano, 2004

site Nutella

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne vois plus le nutella de la même façon maintenant! Mais, je connais des gens qui ne savent pas manger le nutella comme J.C, qui lui rajoute du sucre dessus quand il mange des crêpes! Moi je dis SACRILEGE!
Je vais me faire une petite tartine avant de retourner en cours, histoire de me motiver!

BDD

Sale Môme a dit…

Chaque jour c'est du bonheur à tartiner ...

Anonyme a dit…

Moi aussi je ne verrais plus jamais le Nutella comme avant ! Décidement sont fort ces italiens ! ^^ Honte à ceux qui le gâche avec du sucre ! ^^ Il se reconnaitra sans problème.

AP